Le phénomène « Baky » Koné décrypté par ses anciens équipiers

Ouest France

 



Il n'a passé que deux saisons à Lorient, mais il a marqué de son empreinte son passage dans le Morbihan. De par ses statistiques d'abord car il a inscrit la bagatelle de 34 buts lors des 68 matches de L2 qu'il a disputés sous le maillot tango. Mais aussi et surtout de par son style de jeu si particulier. Marc Boutruche, Benjamin Genton et Jérémy Morel, qu'ils l'ont côtoyé au FCL, décrypte pour nous le phénomène « Baky » Koné (26 ans, 1,63 m).

Ses qualités

La qualité première de Bakari Koné est bien évidemment sa vitesse, ou plutôt sa capacité de démarrage. L'attaquant niçois n'est sans doute pas l'attaquant le plus rapide de Ligue 1 sur 100 mètres, ni même sur 50. En revanche, il est capable de faire des différences énormes sur une distance très courte. « Il est vraiment très explosif. Au démarrage, sur trois mètres, il t'en met deux dans la vue », résume Jérémy Morel.

« Non seulement il a un centre de gravité très bas, mais il possède aussi une énorme puissance musculaire, explique Benjamin Genton. Il paraît petit et frêle, mais si vous le regardez bien, vous verrez qu'il a, en fait, de grosses cuisses. Au départ, sa taille était sans doute un handicap, mais il a su s'adapter. Si je ne devais retenir qu'une seule image de lui, ce serait son but contre Créteil lors de la saison 2003-2004. Ce jour-là, alors qu'on était relégable, il avait gagné le match à lui tout seul en partant du milieu de terrain et en dribblant six-sept défenseurs. Un peu comme Maradona lors du match Argentine-Angleterre en quart de finale de la Coupe du monde 1986. »

Pas étonnant qu'il soit aujourd'hui devenu l'attaquant le plus déroutant de Ligue 1. « Là où beaucoup de joueurs ont besoin du collectif pour s'exprimer, Baky est capable de faire la différence tout seul, note Marc Boutruche. Des vraies individualités comme lui, il n'y en a pas 15 000 dans le championnat de France. » Car au-delà de ses qualités de dragster, le petit Ivoirien est aussi un joueur fin et doué techniquement. « Il est super dangereux parce que c'est un joueur imprévisible, poursuit Boutruche. Il n'a pas de courses rectilignes. De plus, c'est un attaquant qui sait éliminer l'adversaire et qui forcément se crée des occasions. »

Pour Benjamin Genton, le Niçois est aujourd'hui devenu un attaquant très complet : « Sa qualité première est sa facilité à se mettre dans le sens du but grâce à ses contrôles orientés. Mais il est également très intelligent dans ses déplacements. Malgré sa petite taille, il possède aussi un bon jeu de tête. Bien sûr, il ne va pas rivaliser avec « Micka » (Ciani) dans ce domaine, mais il a un bon timing et il est capable de marquer de la tête. Je pense vraiment qu'il a progressé depuis son départ de Lorient. Cette saison, j'ai le sentiment qu'il est en train d'exploser. Il est notamment plus réaliste devant le but. Avec Laslandes, qui lui sert de point de fixation, il forme un duo très complémentaire. Pour moi, Baky-Laslandes, c'est du très bon ! »

Comment l'arrêter ?

A la question, comment arrêter le phénomène Koné, Marc Boutruche a une stratégie radicale : « Il faut lui déboîter l'épaule », rigole le latéral lorientais. Référence aux problèmes récurrents à la clavicule rencontrés par l'Ivoirien lorsqu'il était à Lorient. Une manière aussi de dire que pour le stopper, les défenseurs n'ont souvent pas d'autre alternative que d'employer la manière forte. « Il a un jeu à prendre des taquets », estime Jérémy Morel.

Une chose est sûre : pour le contrer, mieux vaut aller vite. « Comme il va à 10 000 à l'heure, c'est sûr que Sylvain (Marchal) aura plus de mal face à lui que Tof (Christophe Jallet) ou Jerem (Jérémy Morel), explique Boutruche. Mais bon, on ne va pas faire pour autant une fixation sur lui. D'autres joueurs, comme Keïta à Lyon ou comme l'ancien Bordelais Faubert, vont également très vite. »

Dans le camp lorientais, on n'a donc pas prévu d'appliquer de plan anti-Koné. « Ça ne sert à rien de focaliser sur un joueur. Sinon, on ne s'en sort plus, souligne Genton. De toute façon, Baky, tout le monde le connaît. La clef, c'est d'essayer de l'empêcher de se retourner. Ou de prier pour qu'il se blesse comme la saison dernière... »


 

 

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