Lloris plane toujours

 

 

Il y a quelques jours, au lendemain de Nice-Monaco (1-1), Cédric Kanté s’attardait sur la performance de Hugo Lloris. « Il sort des matches incroyables, mais on doit faire attention et ne pas compter exclusivement sur lui car il ne pourra pas toujours faire des miracles. »

Pour l’instant, Kanté peut être tranquille. Son gardien est au top. Depuis son retour à la compétition, fin novembre, après deux mois et demi d’indisponibilité à cause d’une blessure au genou, il vole. Samedi à Lyon, il a répété les mêmes prouesses que face à Paris, Monaco ou Bordeaux. « Il a encore sorti un gros match, explique Lionel Letizi. Plus que les arrêts sur les coups francs de Juninho, c’est son intervention devant Benzema qui m’a impressionné. Il n’avait rien eu à faire et il a été impeccable. » « C’est vrai que ce n’était pas évident, dit Lloris. Je m’attendais à être canardé d’entrée et je n’ai rien vu venir. Mais j’ai su rester attentif et concentré et tout s’est finalement bien passé. » Bruno Valencony n’était pas franchement inquiet. L’ancien Bastiais est l’entraîneur des gardiens du Gym depuis trois ans. Personne ne connaît mieux que lui les qualités et les défauts de Lloris. Il évacue d’abord ce qui cloche encore : « Il doit progresser dans le jeu au pied. Il l’avait fait avant sa blessure, mais il a perdu, tant en puissance qu’en précision. Contre Lyon en seconde période, ses frappes étaient moins bonnes, les Lyonnais récupéraient plus haut et on a été plus en danger. » Mais ce n’est rien par rapport à tout, ce qui fait sa force : « Il faut voir ce qu’il réussit à faire à son âge (20 ans), reprend Valencony. Il est calme dans toutes les situations, sûr dans ses interventions. Il a une grosse maturité. »

Les Niçois le voient à l’Euro

Tout le monde à Nice partage cette analyse. Depuis Frédéric Antonetti, son entraîneur, jusqu’à ses partenaires, en passant par Letizi, le grand frère. « Quand je suis sur mon banc et quand je le vois, je suis rassuré, lâche Antonetti. Son intervention face à Paris (il avait sorti une tête de N’Goyi que tout le stade voyait au fond), c’est la marque des plus grands. » « Il a tout, ajoute Letizi. Il est fort sur sa ligne et très bon dans les sorties aériennes. Quand tu as ça, tu peux voyager. » Ses coéquipiers l’ont découvert quand Antonetti l’a lancé il y a deux ans, en Coupe de la Ligue. Puis ils l’ont mieux connu quand il a pris la succession de Gregorini. « Je ne suis absolument pas surpris par ce qu’il réussit, avoue Olivier Echouafni. Ça fait longtemps que je l’ai jugé. Il a encore des trucs à bosser, mais ce qu’il fait à vingt ans, c’est énorme. On a tous une grosse confiance en lui. « Ce qu’il fait ne m’étonne plus, ajoute Kanté. L’an dernier, déjà, il était fort. Mais, à l’époque, il était sans cesse sollicité. Là, il a plus de mérite, car, comme on est solide, il n’a plus que deux ou trois interventions à réaliser par match et il les fait bien. Comme les grands gardiens dans les grands clubs. » Un statut auquel Lloris aspire. Il explique sans forfanterie que, malgré son amour pour Nice, il sera bientôt amené à « penser un peu plus individuellement ». Les dirigeants de l’OL, qu’il a à nouveau favorablement impressionnés samedi, sont à fond sur le coup, quitte à le laisser à Nice jusqu’à la fin de carrière de Coupet. Dans l’intervalle, certains le voient déjà rejoindre les Bleus dès le prochain Euro, même si lui n’en a jamais fait un objectif. À Nice en tout cas, la religion est faite. « Pour mériter une place chez les Bleus, il faut être régulier et ne pas faire d’erreur. Quand on voit la situation de Landreau, Hugo peut être le troisième », dit Valencony. « En tout cas, en ce moment, il est dans les trois meilleurs », ajoute Echouafni. « Il n’y a que la performance qui doit compter et, par ses performances, il est devant pas mal de gardiens, plaide Kanté. Derrière Coupet, il y a la place pour lui. » Selon Antonetti, les six mois à venir vont être décisifs en même temps que le classement du Gym en fin de saison. Lloris peut gagner gros.