La Côte d’alerte

Extrait L'Equipe


 

Normalement, le derby azuréen entre deux villes distantes de 17 km se suffit à lui-même. Monaco, club de nantis, est opposé à Nice, équipe populaire, et le cliché permet de faire monter la tension. Celui de ce soir échappe d’autant moins à la règle que s’y ajoute un tour dramatique. Monaco est 20e et Nice, 17e, ne vaut guère mieux. Du coup, Laurent Banide dépasse le cadre de la rivalité locale : « Dans notre situation, tous les matches sont des derbys. Celui-ci est important mais ceux qui suivront le seront aussi. » Car Monaco va mal. Dernier au classement, il accumule les contre-performances : 8 défaites en 11 matches de Championnat (6 lors des 7 dernières rencontres et 3 pour ses 3 dernières sorties). Le récent match à Nantes (0-1) a été pitoyable.

Un encéphalogramme presque plat qui a poussé les dirigeants à réagir. Le président Pastor a dit à ses joueurs que la situation n’était plus tenable et Jean-Luc Ettori, le directeur sportif, a haussé le ton. « On ne peut pas faire pire et laisser l’équipe à ce rang là. Il faut que les joueurs nous prouvent qu’on ne s’est pas trompés sur leur valeur. Certains sont en sursis et on va voir sur qui on peut compter. On ne s’appuiera que sur ceux qui ont de l’orgueil. On attend une réaction.»

Antonetti : « Ils vont se réveiller »

La pression qui leur est mise inciterat-elle les joueurs monégasques à en faire un peu plus ? En tout cas, Laurent Banide dit avoir vu du mieux cette semaine, où il a pu bien travailler, ce qui n’avait pas été le cas lors de sa prise de fonction avec un match de Coupe de la Ligue en milieu de semaine. Un travail le plus souvent à huis clos – « On a besoin de se retrouver entre nous », plaide le nouveau coach – qui ne doit guère gêner un effectif peu enclin à s’exprimer au moment où le club dit vouloir retrouver le sens de la communication. Ainsi, seul Vargas est venu parler avant le derby, ce qui tranche avec les Niçois, tous très disponibles en toutes circonstances. Certes, on attend moins d’eux, pour une simple question de standing et de budget, et leur position est aussi moins préoccupante. Ils ont sorti la tête de l’eau après un début de saison délicat et ne sont plus relégables. Leur unique souci : répéter à l’extérieur (6 défaites en 6 sorties) les performances qu’ils alignent au stade du Ray (victoire sur l’OM, 2-1, dimanche). « J’attends ça avec impatience », lâche Frédéric Antonetti.

Le derby constitue a priori l’occasion rêvée. Car les Aiglons sont comme chez eux au stade Louis-II depuis que le Gym a retrouvé la L 1 il y a quatre ans. En cinq déplacements, ils ne s’y sont jamais inclinés. Une bonne habitude qui n’a rien d’anodin. « Ça marque les esprits de ceux qui ont participé dans les deux camps, assure Olivier Échouafni, joueur d’expérience,mais ça ne nous garantit rien du tout. Ça a toujours été des matches serrés, ça s’est joué sur rien et ça aurait pu basculer de l’autre côté à chaque fois. »

D’ailleurs aucun Niçois n’arrivera ce soir en terrain conquis en Principauté, où l’équipe sera pourtant suivie par plus de 5 000 supporters. Ni les joueurs – « Monaco n’est pas à sa place et va se refaire une santé », dit Bellion – ni leur entraîneur. « Je connais Monaco, explique Antonetti. J’ai vu plusieurs de ses matches et les Monégasques ont de la qualité technique. Même à Nantes, je ne les ai pas trouvés aussi mauvais qu’on l’a dit. Ils vont forcément se réveiller à un moment ou à un autre, c’est obligé. » Le plus tard possible, espère l’entraîneur corse, alors que Jean-Luc Ettori dans l’autre camp se raccroche à ce qu’il peut : « Nice a pris l’habitude de gagner chez nous quand on était bien. Là, on est au plus mal, alors... Le derby, c’est peut-être finalement le match qu’il nous faut. »