La route est dégagée

Extrait Sud Ouest

 

 

Seule une défaite, voire un nul, aurait pu obscurcir l'horizon des Girondins vers leur quête du Graal. A savoir la deuxième place, synonyme de qualification directe pour la Ligue des Champions. Grâce à ce succès aussi précieux que chanceux acquis aux dépens de Niçois qui auront poussé leurs adversaires dans leur dernier retranchement jusqu'au bout, Ramé et ses partenaires ont repris une avance très confortable sur leur concurrent direct, Lille.
Sept unités, c'est le nombre de points qui sépare désormais le dauphin du troisième. A six journées du dénouement, plus un match en retard à livrer à Sochaux, on ne voit pas qui pourrait déloger les Bordelais de leur piédestal. Surtout si l'on tient compte de leur réussite cette saison. Pour autant, les Nordistes resteront des rivaux dangereux et le prochain Lille-Bordeaux du 15 avril prochain pourrait peur-être sceller pour de bon les positions, ou tout remettre en question.

Quoiqu'il en soit, les troupes de Ricardo sont les grandes gagnantes de ce week-end. Elles ont su profiter des faux-pas commis la veille par Lille et Auxerre, tenus en échec respectivement par Strasbourg et Saint-Etienne. Ce que les hommes de Claude Puel n'ont jamais réussi à faire lorsque Bordeaux lâchait des points contre Metz et à Troyes. C'est ainsi que se dessine les plus beaux destins, n'est-ce pas ? Même handicapé par l'absence de trois suspendus (Fernando, Darcheville, Chamakh), peut-être quatre (Henrique passe devant la commission de discipline jeudi), le onze au scapulaire peut envisager son déplacement à Paris, dimanche prochain, sans avoir le feu aux fesses. Il s'est d'ailleurs davantage rassuré sur son avenir que sur son jeu.

Dans le « dur ».

Aucun doute, les Girondins sont bien payés lorsqu'ils rentrent aux vestiaires, nantis d'un but d'avance, au terme de quarante-cinq premières minutes qu'ils ont très peu maîtrisé. Si ce n'est les onze premières secondes, suffisantes pour inscrire l'un des buts les plus rapides de l'histoire de la Ligue 1 (lire ci-contre). Darcheville engage sur Alonso qui remise pour Mavuba. Ce dernier sert Jemmali qui distille une longue ouverture. Sammy Traoré jaillit devant Denilson et dégage sur le Brésilien. Celui-ci profite du contre favorable pour tromper Lloris d'un plat du pied gauche. Vite fait, bien fait, je t'embrouille ! Les Niçois n'y ont vu que du feu. Tant pis aussi pour les retardataires. Cette stupéfiante et excitante entrée en matière ne sera pas suivie d'effet. Malheureusement. Très vite, trop vite, les partenaires de Ramé vont retomber dans leurs travers. Après tout, on ne sort pas d'un cycle physique négatif au premier claquement de doigt.
Ce Bordeaux-là manque de fraîcheur, de vivacité et de spontanéité. C'est aussi évident que le nez au milieu de la figure. Il n'empêche, même dans le « dur », une équipe doit être en mesure de compenser par de l'envie, de l'agressivité et une farouche détermination. Hormis Chamakh, véritable belluaire, personne n'emboîte le pas. Le pressing collectif est inexistant.

Spectateur.

Le bloc manque de compacité et ne remonte jamais. Bordeaux est spectateur. Il réagit par intermittence, plus qu'il n'agit. Conséquence, les mêmes causes produisent les mêmes effets. Les Girondins sont malmenés, ballottés comme une vulgaire coquille de noix sur un océan déchaîné. Comme ce fut le cas face à Metz, à Troyes et à Montpellier. Sous l'impulsion du virevoltant Koné, Nice met la défense adverse au supplice. Jemmali et Planus, associés pour la première fois, écopent de toute part. Ramé, pour sa part, se charge d'éviter le naufrage.
Bordeaux s'en sort bien. Très bien. Personne n'aurait crié à l'iniquité si les Azuréens, bien organisés dans leur 4-3-3 et développant un jeu de qualité, avaient égalisé. Au contraire. A coup sûr, les mots durs de Ricardo ont dû résonner dans le sanctuaire marine. Car le comportement général de l'équipe ne méritait que le courroux du coach. Sans se montrer plus brillants, plus sémillants et surtout sans avoir plus de d'aisance à construire des mouvements d'envergure, les locaux feront preuve après la pause de davantage de cohérence dans l'engagement. Et de volonté dans leur envie de défendre coûte que coûte ce maigre butin. Hier soir, c'était bien l'essentiel. Même si le score aurait pu enfler d'un côté comme de l'autre. Car Bordeaux a joué le contre tout au long du second acte. Comme à l'extérieur...