Nice se prend au jeu
 

Extrait L'Equipe

 

 

L’équipe solide et défensive s’est muée en une formation joueuse et portée vers l’avant.

Est ce parce que Nice a, dans un passé récent, misé sur la combativité et la rigueur défensive pour s’installer en Ligue 1 ? L’étiquette d’une équipe physique, qui compte sur ses vertus morales, lui colle toujours à la peau. « C’était vrai auparavant, reconnaît Abardonado, symbole d’une formation façonnée par Gernot Rohr. On se battait, on résistait, on cherchait d’abord à défendre. » En 2002-2003, Nice, jeune promu sans grands moyens, avait tenu longtemps les premiers rôles, puis s’était hissé deux fois en Intertoto (2003 et 2004). « Ce qu’a fait Rohr à l’époque, c’était fabuleux », rappelle Échoua f n i .

« Aujourd’hui il en reste forcément quelque chose, ajoute Cobos, ancien capitaine passé dans le staff technique. L’envie, le caractère, on les a toujours. Mais ils ressortent moins car on a d’autres atouts. » Et notamment un jeu collectif, souvent à une touche de balle et sans cesse porté vers l’avant. Le Gym cherche à jouer, à faire le spectacle et, même si ça n’a pas toujours payé cette saison en Championnat (10e de L 1 aujourd’hui), ça commence à se savoir. « À Bordeaux (0-1) et Lyon (1-2), lors de nos deux derniers déplacements, on n’a pas fermé le jeu et ça s’est remarqué », dit Èchouafni. « On me parle de plus en plus du jeu de Nice, sourit Cobos. On commence à faire l’unanimité. »

Ce n’est pas la moindre des réussites de Frédéric Antonetti, arrivé l’été dernier. L’entraîneur est à l’origine de ce changement de stratégie et de style. Et ce ne fut pas simple de concilier son goût pour une formule à trois attaquants, les caractéristiques de son groupe et les résultats qui n’étaient pas toujours à la hauteur.

Vahirua retrouve ses plaisirs nantais

Depuis quelques semaines, les améliorations sont tangibles. Abardonado a tendance à moins opter pour de longues balles vers l’avant. « Le coach me demande d’alterner le jeu court et le jeu long et de mettre toujours mes partenaires dans les meilleures dispositions », explique le défenseur. Florent Balmont, très actif, a acquis une dimension offensive supérieure. « Je continue mon travail de harcèlement de l’adversaire mais j’ai la consigne de davantage percuter, détaille l’ancien Lyonnais. Au début, j’ai eu du mal à me situer, à me placer dans le bon sens mais ça vient. »Quant à Marama Vahirua, il est transfiguré par son passage au poste de meneur de jeu. « C’est un rôle qui me plaît, lâche le Tahitien. Je tiens une place essentielle, je suis au
coeur de l’action et j’ai des responsabilités. On ne me pardonne rien, beaucoup moins que quand j’étais attaquant, mais ça me convient. »

Des observations font ressortir que Nice aurait aujourd’hui un des meilleurs jeux de passes de la Ligue 1, parfois même au niveau de Lyon. Et il n’est pas uniquement dirigé vers la conservation du ballon. Il vise aussi à désarçonner l’adversaire en recherchant espace et décalages. Avec Antonetti tout est pensé, pesé, calculé, réfléchi, disséqué à la vidéo et rabâché sur les terrains d’entraînement. « On se fait énormément plaisir en pratiquant un tel football, se réjouit Balmont. C’est super de jouer comme ça et de voir qu’on peut mettre les autres équipes en difficultés. » « Moi je me régale à chaque match, poursuit Vahirua. C’est un plaisir différent de celui que j’ai connu lorsque j’étais à Nantes. Mais je n’ai pas peur de dire que, par moments, je prends davantage mon pied. » Quand on sait la réputation du jeu à la Nantaise, ces mots sont un compliment qui ne peut laisser indifférent.