Un arbitre dans la tourmente

 

Extrait l'Equipe

 

 

Samedi, les décisions de Patrick Lhermite lors de Nice-Sochaux (1-2) ont déclenché la colère des joueurs et du public niçois, entraînant l’interruption du match.

« Je n'ai jamais vécu un tel scénario en neuf ans de Ligue 1. » Après une nuit de repos, Patrick Lhermite, l’arbitre de Nice-Sochaux (1-2), n’en est toujours pas revenu. Florent Balmont, lui, n’en a pas dormi : « J’ai passé une nuit pénible car l’injustice passe mal. Ce carton rouge, mon premier en L 1, ce penalty à retirer… J’aurais commis une faute, je serais sorti sans rien dire, mais là… » Dès samedi soir, M. Lhermite a reconnu son erreur la plus grave, à savoir un penalty accordé à Sochaux puis l’expulsion de Balmont pour une main imaginaire sur sa ligne de but (70e). Nice menait alors 1-0. L’arrêt de Grégorini sur le tir d’Ilan ne servit à rien pour les Aiglons puisque l’arbitre donna le penalty à retirer. Mais le match, déjà très engagé, commença à dégénérer. Sur le terrain puis dans les tribunes.

Au final, huit avertissements furent distribués plus trois expulsions. De même, M. Lhermite décida d’interrompre la rencontre pendant quinze minutes en réaction aux débordements dans les tribunes du stade du Ray à la suite d’une multitude de décisions difficiles et parfois contestables. Au point de nourrir la première polémique à l’encontre de l’arbitrage après seulement trois journées de Championnat. Hier, l’arbitre, qui dit avoir reçu « beaucoup de messages de soutien de collègues qui ont vécu ça dans leur carrière », a admis que cette mauvaise décision l’avait perturbé : « Balmont fait un geste du bras que j’interprète comme une main volontaire. Je vais au bout de la logique, c’est-à-dire penalty et expulsion. Après, c’est l’engrenage… Pendant l’interruption du match, je suis rentré au vestiaire. Je n’ai pas revu les images mais les Niçois et les personnes présentes dans les couloirs m’ont bien fait comprendre qu’il n’y avait pas faute. Je me dis que j’ai fait une grave erreur et après, c’est sûr que j’ai ça dans la tête et c’est difficile de se re-concentrer. Aujourd’hui, je pense à l’équipe de Nice, la grande perdante. Je rends aussi hommage à Frédéric Antonetti qui a su garder son calme et tenir ses joueurs. »

Cohen : « Partisan d’un arbitrage professionnel »

L’entraîneur niçois s’est comporté en gentleman et n’a pas voulu accabler M.Lhermite à la fin du match en ajoutant quelques déclarations sulfureuses. Il faut dire que lorsqu’il entraînait Bastia, Antonetti avait pris six mois de suspension de terrain, dont trois avec sursis, pour avoir bousculé et tenu des propos menaçants à l’égard de Pascal Viléo, arbitre de Bastia- Strasbourg (3-1), le 13 janvier 2001. Hier, il souhaitait simplement que la commission de discipline n’accable pas Balmont : « J’espère qu’une partie de l’injustice sera réparée avec l’annulation du carton rouge de Flo. L’arbitre a reconnu son erreur, c’est une bonne chose. » Mais le technicien niçois fustigeait quand même un arbitrage à deux vitesses : « Ça n’arrive jamais à Lyon, ou à Saint-Étienne, je le sais, j’en ai profité dans le Forez (il a entraîné les Verts d’octobre 2001 à juin 2004). Imaginez le même arbitrage à Gerland. On me parle toujours d’équilibre des erreurs sur une saison mais je suis persuadé que les clubs à petit ou moyen budget sont perdants. »

Après avoir reconnu, dans un premier temps, que le premier but sochalien d’Ilan (18e) était injustement refusé pour hors-jeu, Maurice Cohen, hier, allait quand même plus loin sur les ondes de RMC Info en relançant les vieux débats : « Compte tenu des moyens accordés au foot professionnel et aux clubs, qui ne ménagent pas leurs efforts pour se structurer, il est inacceptable que la direction du jeu appartienne à des amateurs. Je suis partisan d’un arbitrage professionnel, du recours à un quatrième arbitre ou à la vidéo. Avec la vidéo, le match n’aurait été interrompu que trente secondes samedi. »

Maintenant, la Ligue devra trancher sur les sanctions à infliger à l’OGC Nice pour le comportement de certains supporteurs niçois – pas tous –, qui ont jeté toutes sortes de projectiles sur la pelouse, entraînant l’arrêt provisoire de la rencontre et la sortie de l’arbitre sous escorte policière à la fin du match. Des fans qui n’en sont pas à leur premier dérapage, le plus grave étant la blessure par arme blanche d’un supporter parisien lors d’un Nice-PSG (0-0, fin janvier 2003). Dans le cas de samedi, une forte amende est à prévoir et même une suspension de terrain. Ensuite, la commission de discipline, qui se réunira jeudi, dira si elle suspend ounon Balmont pour la suite du Championnat.

Patrick Lhermite a eu hier des dirigeants de la Ligue au téléphone. Dans le rapport qu’il devait leur transmettre dans la journée, il a inscrit noir sur blanc son erreur. « Balmont a été expulsé à tort, explique l’arbitre, il faut savoir reconnaître ses erreurs et prendre ses responsabilités. C’est ce que je vais faire. »

Si la commission de discipline décide de ne pas punir Balmont, cette décision pourrait faire jurisprudence.« Si Balmont est blanchi, Afolabi peut l’être également, car sa faute est complètement imaginaire », estime Dominique Bijotat, l’entraîneur sochalien, qui ne comprend toujours pas pourquoi son défenseur a été expulsé (87e).

 

 

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