Rohr de plus en plus seul

 

Extrait L'Equipe

 

    

 

Les déclarations de Gernot Rohr, parues hier dans nos colonnes, n’ont pas été –c’est le moins que l’on puisse dire – du goût du président niçois. Lorsqu’il a pris connaissance des propos tenus par son entraîneur (*), Maurice Cohen, patron du
club, PDG d’une société d’événementiel et de communication à Monaco, est sorti de sa prudente réserve. « Je ne peux pas laisser dire à mon entraîneur que ce qui se passe
à Nice n’est pas très clair. Cela a mis le club et la ville dans un état pas possible. Ici, tout est clair et transparent. Nous n’avons rien à cacher. Simplement, le staff technique a été remis en cause, il y a quelques semaines, mais il était convenu avec Gernot de préserver le groupe. De jouer l’union sacrée jusqu’à la fin de la saison.
Aujourd’hui, ses déclarations entretiennent la polémique et le trouble. »

Sifflé par les supporters depuis plusieurs semaines, peu soutenu par son président et surtout par les actionnaires du club, Gernot Rohr, à qui il reste deux ans de contrat avec l’OGC Nice, a exprimé, mardi, sa lassitude.« Je ne suis ni surpris, ni déçu, ni étonné, ni frustré par ce qui m’arrive. Je m’y étais préparé. »

En fait, l’entraîneur-manager, à qui certains dirigeants reprochent cette double casquette n’a, semble-t-il, pas apprécié d’être convoqué par les actionnaires du club, à la fin d’un entraînement, le 22 février dernier. Ce jour-là,Maurice Cohen, réélu à la
présidence pour trois ans en décembre, était accompagné de Gilbert Stellardo, actionnaire majoritaire, ancien premier adjoint de la ville de Nice, et de Marcel et Patrick Governatori, industriels, qui possèdent également des parts dans le club.

Cohen : « L’entraîneur doit se contenter d’entraîner »

Pendant plus d’une heure, des reproches furent adressés au technicien sur le jeu de l’équipe, sa double fonction, ses allers-retours hebdomadaires à Cap-Ferret, près de Bordeaux, là où réside sa famille, et son inscription sur une liste UDF lors des élections régionales. Si Maurice Cohen avait affirmé, en sortant, que « les explications données par Gernot tenaient la route », les propos des actionnaires n’avaient pas la
même teneur. Gilbert Stellardo :« En décembre, l’équipe jouait bien mais, aujourd’hui, les résultats ne suivent pas. On ne comprend pas pourquoi. Nous avons demandé à Gernot des explications et s’il voulait des renforts au mercato, mais il a refusé.
Nous, nous travaillons de manière collégiale. Les décisions se prennent à plusieurs. Il n’est pas normal qu’au niveau sportif, une seule personne soit décisionnaire. »

Depuis 2002, date de l’arrivée de Rohr, trente et un joueurs ont rejoint le club et tous n’ont effectivement pas connu une réussite éclatante. Ce à quoi Rohr répond : « Quand il n’y a pas d’argent et que l’on ne peut donc pas proposer de gros salaires, on est obligé de faire des paris. Parfois ça marche , parfois non… »

Aujourd’hui, les dirigeants souhaitent reprendre le pouvoir sportif. Ils vont donc mettre en place une cellule de recrutement. Le futur entraîneur niçois – car il va bien falloir s’habituer à parler de Gernot Rohr au passé, malgré ses deux ans de contrat
négociés la saison dernière – pourrait donc avoir du mal à faire valoir ses choix. « Les hommes passent, les structures restent », précisait Gilbert Stellardo, à la fin de la fameuse explication de texte de février.

L’avenir de l’actuel technicien niçois est donc plus qu’incertain. Les dirigeants du club azuréen n’écarteraient pas l’idée d’une procédure de licenciement, à la fin de la saison.
Maurice Cohen ne l’a pas confirmé, mais demeurait, hier, très remonté contre l’entraîneur. « J’ai cinquante ans et je n’ai pas de leçons à recevoir de la part de Gernot Rohr, a-t-il lancé. Je suis peut-être un jeune président, mais je préside. L’entraîneur, lui, doit se contenter d’entraîner. Enfin, et c’est le dernier point, je ne
peux pas laisser dire que nous manipulons nos supporters. Ce ne sont pas des marionnettes. »

La prochaine rencontre entre Gernot Rohr, parti avec ses joueurs en stage d’oxygénation à Saint-Martin-Vésubie, et son président, risque d’être animée.

 

Latérale Nissart

Rohr affirmait, hier, ne pas comprendre la réaction de son président. Mais la fin du championnat niçois n'avait pas besoin de cela.