Grégorini de bas en haut

 

Extrait France Football

 

 

Décisif à Ajaccio, le gardien de but niçois veut terminer le boulot, samedi, devant Auxerre, et tirer un trait sur une saison accidentée.

Damien Grégorini n'ignore rien de la théorie de la relativité. Le gardien de but, né à Nice en mars 1979, sourit donc devant la croissance exponentielle de ses « amis » depuis, entre autres, sa production nantaise (0-0) et depuis, surtout, qu'il a dégoûté un à un tous les attaquants ajacciens (0-1). « C'est mon job ! Un arrêt au bout de quinze secondes de jeu, ça met dans le bain. Nous voulions atteindre la pause sans handicap. Ensuite, nous avons bien géré pour accrocher un succès qui fait le plus grand bien à l'équipe, et à moi... Mais le maintien ne sera vraiment dans notre poche qu'avec une victoire supplémentaire. »

Dernier rempart d'une défense à l'hermétisme envié par bon nombre en 2002-03, puis cloué au pilori durant ce Championnat pour des performances collectives en chute libre, l'ancien international Espoirs est resté inchangé. Dans ses propos. Toujours mesurés. Pas forcément dans son for intérieur. Le géant (1,94 m, 90 kg), trop calme, a pourtant senti la rage monter sous le poids de la vindicte populaire au début de l'année. Il n'en a rien montré, si ce n'est à ses plus proches amis (dont Poncho Abardonado) et à sa famille. « Lorsque je m'installe dans la cage au Ray, je pense à tout ce que j'y ai entendu et vu. Certains trucs m'ont fait très mal. Mais cela me donne désormais un surcroît de motivation. J'ai remonté la pente en travaillant et travaillant encore, avec l'aide d'un groupe qui m'a toujours bien entouré. Certains dirigeants actuels ou passés (tel André Bois) m'ont également soutenu. »

Rohr et l'ensemble des Aiglons s'étaient levés comme un seul homme pour condamner le jet d'une canette sur leur numéro 1 et le déploiement d'une banderole affichant « A quand un gardien de but à Nice ? », lors du match Nice-Bordeaux (20e journée, 3-3). Son père et son oncle ont souvent joué les gardes du corps à la sortie du stade. Et son téléphone s'était mis aux abonnés absents temporairement. « Je ne suis pas étonné, mais content qu'il ait réussi à si bien réagir, raconte désormais Gérard Buscher. Il a été pris en grippe, comme d'autres Niçois, par des supporters. Cela a été très loin, bien au-delà même du foot. J'ai été choqué, outré. Je savais qu'il était un bon gardien de L1 . Il est actuellement exceptionnel. On peut aller au feu avec lui. »

Grégorini connaît la sécheresse des chiffres et en accepte le bilan : 31 buts encaissés à son retour de l'OM, 39 l'an passé, 45 déjà cette saison. Il est le premier à déplorer cette inflation et en assume sa part de responsabilité. « J'ai été un peu moins bon », admet l'Aiglon. « J'accepte les critiques, les sifflets, les quolibets, ils font partie de mon métier. Mais là, c'est sorti du cadre sportif et c'était injuste. Je suis un homme droit qui n'a jamais triché. Chaque dimanche, je dissèque et j'analyse le match de la veille. Et j'en discute avec des spécialistes. J'ai eu des hauts et des bas,
comme toute l'équipe, mais on ne peut pas me mettre tout sur le dos ». Papa comblé depuis peu par une petite Julia venue rejoindre Olivia (14 mois), Damien avait accueilli  avec impassibilité les rumeurs hivernales, Runje et Letizi, ou printanières, avec Penneteau. Il attend juste avec curiosité la nomination du futur entraîneur du  Gym. « Viendra-t-il avec un gardien? On verra bien, je n'y pense pas. Il me reste trois ans de contrat etje suis malgré tout bien dans ma ville ». Et dans son club qu'il tient à maintenir à bon port, celui de la L1, le plus tôt possible.